Des tonnes d’aventures vous attendent dans le paysage enneigé des Rocheuses.
Auteure : Jody Robbins
Cet article a été publié dans le premier numéro du magazine Boundless.
Le petit frisson qui me parcourt n’est pas dû à la fraîcheur de la nuit, mais plutôt à l’émotion que je ressens devant toute cette immensité. Je m’attendais à me ressourcer, et c’est finalement un sentiment d’émerveillement qui me prend par surprise. Peu d’endroits au monde peuvent se targuer de vous émouvoir par leur paysage.
L’Alberta, que dominent les Rocheuses, est l’un de ces lieux. Je ne suis pourtant pas venue dévaler de spectaculaires pistes de ski. En fait, je suis en train de me frayer un chemin dans les profondeurs d’un canyon. D’imposantes couches de glace m’entourent. Seul le petit crissement de la neige sous mes pieds trouble le silence qui règne dans cette atmosphère feutrée. J’explore le canyon Maligne du parc national Jasper. Dans le noir. Sur la glace!
N’imaginez pas un instant que je me balade sur un sentier le long d’une gorge qui me laisse entrevoir le vide de temps à autre. Je suis au fond du canyon et je contemple des sculptures de glace qui ne sont pas taillées à la tronçonneuse, mais signées par la nature. Elles sont impressionnantes de jour et tout simplement sublimes de nuit. Une lampe frontale et la lune sont les seules sources de lumière qui projettent leurs lueurs sur ces cascades de glace aux formes jamais vraiment figées. J’éteins ma lampe frontale. Mon regard se tourne vers le ciel nocturne. Je me trouve dans l’une des plus grandes réserves de ciel étoilé au monde, où les étoiles filantes et les constellations brillantes comme des diamants sont légion.
La singularité de l’empreinte que laisse l’hiver sur ce paysage me frappe à nouveau en suivant la promenade des Glaciers quelques jours plus tard. Cette route, l’une des plus pittoresques au monde, relie Jasper à Lake Louise dans le parc national Banff. Elle est jalonnée d’imposants glaciers et de lacs gelés qu’encadrent des forêts enneigées.
Il faut sortir de sa voiture pour apprécier ce paysage hivernal à sa juste valeur. Ces formations rocheuses géantes font forte impression lorsqu’on se trouve là, au beau milieu du cadre. Ceci dit, l’idée de patiner sur une surface de glace naturelle pour la première fois de ma vie m’intimide encore plus.
De sympathiques gens du coin m’ont conseillé le lac Gap, au sud de Banff. La surface brillante laisse entrevoir de petites bulles figées sous la glace. Un incroyable sentiment de liberté m’envahit quand je me lance, nez au vent, dans l’air qui exhale le parfum des pins.
Les joues roses et le corps plein d’endorphines, je décide de poursuivre l’éveil des sens au spa Willow Stream, niché dans le « château des Rocheuses », l’hôtel Fairmont Banff Springs. Sur le modèle des spas européens, un rideau d’eau tombe en cascade dans chacun des trois bassins disposés autour d’un bain principal, le bain « Kur ». Je m’abandonne aux bienfaits de l’eau riche en minéraux, puis je m’assoupis en me laissant bercer par le bruit des cascades dans la salle. Je me réveille débordant d’une énergie qui me surprend moi-même.
Le paysage de Lake Louise vient m’émerveiller juste au moment où je croyais que l’aventure tirait à sa fin. Des pics enneigés encadrent le lac turquoise et un majestueux château de glace trône sur le grand lac gelé.
Je sirote un vin chaud aromatique dans un bar de glace ancré sur le lac. Des feux de bois jettent une lumière romantique sur des tables cristallines taillées dans la glace. J’entends soudain tinter les cloches d’un traîneau tiré par des chevaux qui passe par là. C’est une scène tout droit sortie d’un livre de contes, mais elle ne dépareille pas dans ce cadre qui incarne si bien le côté chaleureux de l’hiver.
C’est un beau point final à cette aventure. Ces vacances ne ressemblent en rien à toutes celles que j’ai pu vivre avant. Je me fais la réflexion que le vrai luxe n’a rien à voir avec la qualité de la literie : il est lié au sentiment de faire partie de quelque chose de plus universel. De façon inattendue, j’ai aussi participé à la magie de l’hiver, ou peut-être a-t-elle agi sur moi.